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Les États-Unis face à la dépendance relative des terres rares : situation et perspectives (Partie 1)

💥 | Terres rares : la relative dépendance US (partie 1)

Il n’aura échappé à personne que les tensions sont à leur comble entre les États-Unis qui souhaitent conserver leur hégémonie mondiale, et la Chine qui souhaiterait leur damner le pion…

-Je ne reviendrai pas sur la situation actuelle telle que je la perçois. J’ai déjà largement publié à ce sujet ces derniers jours, il suffit donc de remonter mon fil X / Twitter pour prendre connaissance de mes analyses personnelles.-

Dans ce conflit Ouvert entre les deux principales puissances mondiales, la question des terres rares se pose indubitablement, tant ces matériaux se révèlent indispensables à de nombreuses productions, notamment technologiques.

🎲 | Commençons donc par poser quelques chiffres globaux, afin de nous rendre compte de la situation mondiale réelle…

◽Les réserves mondiales sont estimées à 90 millions de tonnes (2024). Les terres rares ne sont pas “rares” au sens de leur quantité disponible sur Terre. Néanmoins, elles sont très dispersées et les gisements susceptibles d’être exploités commercialement sont relativement limités.

🇨🇳 = 44 millions de tonnes de réserves = 163 années d’exploitation aux quantités de 2024
🇧🇷 = 21 millions de tonnes = quasi inexploitées
🇮🇳 = 6,9 millions de tonnes = 2380 années
🇦🇺 = 5,7 millions de tonnes = 438 années
🇷🇺 = 3,8 millions de tonnes = 1520 annees
🇻🇳 = 3,5 millions de tonnes = 11600 années
🇺🇸 = 1,9 millions de tonnes = 42 années

🌍 > 90 millions de tonnes = 230 années

Les réserves mondiales sont inégalement reparties, mais certains pays (États-Unis et Chine) ont une part de la production mondiale bien supérieure à leur part des réserves. Celles-ci s’épuisent donc relativement rapidement au regard des autres pays. Notamment aux États-Unis.

L’accroissement de la demande risque d’obliger les États-Unis et la Chine à continuer d’accroître leurs consommation de réserves. Sauf à ce que des pays comme l’Inde, le Brésil, le Vietnam ou la Russie n’accroissent réellement leur production. Ce qui n’est pas à exclure dans le cas où les cours des différentes terres rares exploseraient.

(chiffres Département US de géologie)

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◽390.000 tonnes de concentrés de terres rares produits en 2024
🇨🇳 = 70% = 270.000 tonnes
🇺🇸 = 11,5% = 45.000 tonnes

Si la prédominance chinoise est réelle, les États-Unis, deuxièmes producteurs mondiaux, ne sont pas des “nains” du point de vue de la production globale.

(chiffres Statista / Departement US de géologie)

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◽Environ 200.000 tonnes de terres rares raffinées produites en 2024 dans le monde…
🇨🇳 = 85 à 90% = 170.000 à 180.000 tonnes
🇺🇸 = 0,65% = 1.300 tonnes

C’est au niveau du raffinage que le bas blesse fortement. La quasi totalité des terres rares raffinées provient de Chine ! Ainsi, en 2024 les États-Unis ont exporté 96% de leur production de composés de terres rares (principalement en Chine), afin que ceux-ci puissent être raffinées.

Pourtant, avec des moyens de raffinage suffisants, la production US permettrait au pays de disposer d’une autonomie sur certaines terres rares. Notamment sur les plus légères.

(chiffres Grok / Département US de géologie)

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◽Importations et Consommation (2024) de terres rares raffinées par les États-Unis…
🇺🇸 = 8.000 tonnes importées
🇺🇸 = 6.600 tonnes consommées

Il semble donc que les États-Unis mettent en reserves une partie de leurs achats de l’année (1400 tonnes). Depuis 2020, le solde importations / consommations est positif de 530 tonnes.

(chiffres Département US de géologie / US Census Bureau)

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◽Sur les 1300 tonnes de terres rares raffinées aux États-Unis en 2024, aucune n’a concerné de terres dites “lourdes”. Celles-ci représentent pourtant environ 1/3 des importations américaines de 2023. Soit environ.

La dépendance américaine est donc particulièrement criante en matière de terres “lourdes”.

(chiffres Grok, Departement US de géologie et Energy Fuels)

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La suite 🔽🔽🔽

💥 | Terres rares : une relative dépendance US (partie 2)

◽Pour autant, les États-Unis sont en train de développer leurs capacités de raffinage, de façon à pouvoir traiter une part plus importante de leurs productions directement sur leur sol. Et ainsi de réduire fortement leur dépendance face à la Chine.

🏭 - à White Mesa Mill (Utah), Energy Fuels exploite une unite de raffinage de terres “légères” et “lourdes”. Les terres rares sont extraites à l’étranger puis envoyées aux États-Unis. La production était de 38 tonnes de terres “légères” en 2024.

À terme, la capacité de raffinage devrait atteindre environ 6000 tonnes par an pour les “légères” et jusqu’à 300 tonnes annuelles pour deux terres “lourdes”.

🏭 - à Mountain Pass (Californie), MP Materials développe sa propre unite de raffinage. À terme, elle devrait permettre de produire 20.000 tonnes par an de terres dites “légères”.

🏭 - Re-element, un projet mené par la société ReElement Technologies vise à développer une unité de raffinage utilisant une nouvelle méthode de séparation des terres, ainsi’que des capacités de recyclage. Une méthode qui s’adapte aussi bien aux terres rares “légères” et “lourdes”. Dans un premier temps, l’unite permettra de produire environ 400 tonnes de terres rares “légères”.

(chiffres Energy Fuels, MP Materials et Grok)

◽À terme, d’ici quelques années donc, les Etats-Unis devraient pouvoir compter sur une capacité de raffinage d’environ 30.000 tonnes par an.

Une capacité très largement supérieure aux importations du pays (6.600 tonnes en 2024), mais qui cache des disparités entre les différentes “terres”. Aussi, le pays devrait être auto-suffisant sur certaines terres (notamment le NdPr et quelques autres terres “légères”) lui permettant ainsi de s’affranchir partiellement de la Chine.

Dans un premier temps, lesUS resteront donc partiellement dépendants de fournisseurs étrangers, surtout pour les terres dites “lourdes”. Pour autant, l’accent est mis sur le développement de nouvelles unités de raffinage, ainsi que sur de nouvelles technologies permettant notamment le recyclage.

❓ | Que se passera-t-il si la Chine coupait l’approvisionnement des États-Unis ?

En 2024, les importations de terres rares ont représenté 80% de la consommation du pays. Contre 95% en 2023 (consommation plus forte et production nationale plus faible). Le pays reste donc très dépendant de la Chine à l’heure actuelle. Néanmoins, les choses évoluent. La production raffinée US a été multipliée par 5 en 2024 par rapport à 2023, et les unités de raffinage montent clairement en puissance.

Cependant, un embargo chinois mettrait (théoriquement) les États-Unis en grandes difficultés. Pourquoi dis-je “théoriquement” ? Pour plusieurs raisons…

◽les stocks... Je n'ai pas trouvé de chiffres, mais il me semblerait hautement improbable que des stocks stratégiques de terres raffinées n'aient pas été constitués. Stocks qui permettraient de faire face un temps. ◽les proxys... Comme sait si bien le faire la Chine avec les puces NVIDIA (par exemple), ou encore encore l'Europe (avec le gaz russe transitant par l'Inde), des canaux détournés assureraient le maintient d'un certain approvisionnement aux États-Unis. Du moins le temps que les capacités de raffinage US soient opérationnelles.

Un embargo chinois sur l’exportation de terres rares aux États-Unis aurait donc bien des effets sur le pays… Mais ceux-ci ne seraient pas aussi catastrophiques que beaucoup veulent le (faire) croire.

Si la Chine est parvenue à une telle situation de “monopole” sur l’exportation des terres rares raffinées, c’est notamment lié à ses réserves bien sûr, mais surtout à ses coûts de production. Lesquels rendaient bien plus avantageux, pour de nombreux pays, les importations plutôt que la production locale.

Néanmoins, les Etats-Unis ont fini prendre conscience de la gravité de la situation en relançant petit à petit cette industrie sur son sol.

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la suite 🔽🔽🔽

💥 | Terres rares : une relative dépendance US (partie 3)

❓ | Les vues américaines sur le Groenland et les terres rares ukrainiennes

Cela a fait couler beaucoup d’encre dans les deux cas ces dernières semaines. Les États-Unis souhaitaient s’accaparer le Groenland (lequel est sous administration Danoise), mais aussi une partie des terres rares ukrainiennes.

Tel un éléphant dans un magasin de porcelaine (de Chine 🤣) l’Administration US avançait ses pions d’une façon particulièrement “brute de décoffrage”.

Bien que le pays n’ait pas encore les capacités de raffinage suffisantes pour viser l’auto-suffisance (en particulier dans les terres “lourdes”), s’assurer un approvisionnement abondant est un élément ultra-stratégique pour l’avenir.

D’une part, pour justifier de la poursuite du développement d’une filière de raffinage “lourd” sur le sol US (des unités de raffinage “lourd” n’auraient aucun intérêt sans approvisionnement sécurisé). D’autre part, pour permettre de ne pas sur-exploirer le gisement américain. Ceci de façon à ne pas l’épuiser trop vite. Car pour rappel, aux niveaux de production de 2024, celui-ci ne représente plus qu’une quarantaine d’années de réserves.

❗ | Conclusion

Comme développé dans cette analyse, les États-Unis ‘e sont pas restés les bras croisés. Bien qu’ils soient encore à plusieurs années d’une indépendance (relative), leur dépendance envers la Chine est, elle aussi, de plus en plus relative.

Les États-Unis ne seront probablement jamais totalement indépendants de la Chine (ou d’un autre pays fournisseur). Certaines terres rares feront toujours l’objet d’un besoin d’importations. Cependant, la situation globale au regard de ces éléments s’améliore grandement pour les États-Unis. Lesquels pourraient peut-être même, d’ici quelques années, en venir à concurrencer la Chine à l’export sur certaines “terres” raffinées légères.

🌟 | Mes positions en portefeuille sur le secteur des terres rares

◽Je possède 300 actions Energy Fuels ◽Je viens d'ouvrir une ligne (36 titres) sur MP Materials

⚠️ | Le secteur des terres rares a beau être ultra-stratégique et critique pour les États-Unis, il n’en reste pas très volatile. D’autant plus que les acteurs cités ci-dessus restent des small / mid caps. N’y envisagez un investissement qu’après une analyse personnelle complète. Et, le cas échéant, restez très prudents quant à votre money management !

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